L'histoire de la maison et du quartier

La maison fut construite en 19XX par mes grand-parents. Le quartier était alors un vaste ensemble de champs. Seul le premier étage de la maison était aménagé. Le sous sol ne possédait alors qu'un mur central dont nous nous amusions à faire le tour en voiture à pédales. Le jardin était au 3/4 cultivé par mon grand-père et la ruelle qui le longe était déjà présente et était séparée par un simple grillage. C'est à cette époque là que la plupart des arbres fruitiers ont été plantés. Le tilleul a été planté bien avant la construction de la maison par mes grands-parents avec mes arrières grands parents. Il était utilisé pour accroché des balançoires à la joie des enfants. La cabane de jardin existait bien avant la construction de la maison et servait de petit entrepôt pour les cultivateurs du champ.
Je suis venue y habiter avec ma mère en 1985 et jusqu'en 2000. Au cours de cette période 2 chambres d'été ont été réalisées. Le grillage qui séparait la ruelle du jardin a été remplacé par un mur. Le jardin se composait alors d'un tiers d'arbres fruitiers, d'un tiers de potager et d'un tiers d'ornementation.
A l'été 2017, au décès de ma maman, avec mon mari, nous nous sommes posés la question de la meilleure solution pour garder ce patrimoine de famille et le transmettre à nos enfants. Nous avons alors décidé d'entreprendre des travaux pour rénover celle-ci afin de la mettre en location saisonnière. 9 à 10 mois ont été nécessaires pour la vider, ôter tous les papiers peints, reboucher les trous, nettoyer les murs, les repeindre, refaire les carrelages. Nous avons aussi refait toute la cuisine (avec un peu d'électricité) et la salle de bain en ôtant la baignoire en fonte pour mettre une douche à l'italienne en montant un mur de séparation. Pour le côté écologique nous avons mis en place des poubelles de tri et un récupérateur d'eau. En équipements de sécurité il y a un détecteur de fumée et de dioxyde de carbone. Un maximum d'équipement sont présents et notamment pour les familles avec enfants et bébés (baignoire, chaise haute, couverts, jeux, 2 lits parapluies des fois que des jumeaux viendraient ;-), réducteur pour toilettes, pot,...).


L'histoire du quartier :


Cet article est paru dans le numéro 138 de
Blois mag (novembre 2017) :

Au milieu des années 50, la ville de Blois termine la reconstruction du centre-ville après les bombardements de 1940. Mais de nombreuses personnes habitent encore dans des logements insalubres et tout le monde ne pourra pas habiter la ville basse. Il faut construire ailleurs et rapidement pour reloger une population que l’exode rural accroît encore.
Le quartier de Cabochon, proche des usines qui, à l’époque, font tourner Blois et demandent de la main d’œuvre (Poulain, les chaussures Rousset, Air Equipement, Bronzavia), est pressenti pour l’extension de Blois. Il existe déjà, depuis les années 30, une amorce de quartier, rue Charles d’Orléans et rue de Cabochon, mais son essor a été freiné par la guerre.


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Vue prise du haut du château d’eau vers les allées (à gauche, emplacement de la future avenue du maréchal Juin)

 Durant les années 50, les constructions reprennent avec ampleur. Tout un quartier sort de terre dont l’avenue Foch est l’artère principale sur laquelle se greffent de nombreuses rues transversales. Une dizaine d’immeubles collectifs sont édifiés (rue Galliéni, avenue Foch) et de nombreux pavillons sortent de terre, (rues Hubert-Fillay, Guynemer, Saint-Exupéry, Henri Daudin), dont la construction est parfois prise en charge par l’association des Castors (rue Galliéni).
Les commerces s’implantent au milieu de la décennie : boulangerie et boucherie en 1955, pharmacie en 1956, puis épicerie, coiffeur, banques. Une école primaire est bâtie avenue Foch. Enfin un château d’eau s’élève rue Henri Daudin en 1961. Dans le même élan, une nouvelle paroisse est créée dont l’église Saint-Pierre, inaugurée en décembre 1961, devient un des points de repère du quartier.
Les images de Gérard Payen rendent compte des mutations du quartier et des possibilités d’extension qu’il réserve. Les années suivantes verront en effet la création de la Quinière (années 1960 et 1970) et la densification des Allées, densification stoppée par la création du parc de l’Arrou.


 

Quartier Cabochon - BM 138 - Chantier construction église Saint-Pierre 1960


 L'histoire de l'église de Saint Pierre :

L'église Saint-Pierre de Cabochon de Blois accueille toujours des messes, le samedi.

Conçue vraisemblablement par un prêtre et son oncle, l’église du quartier blésois Cabochon est caractéristique de son époque, récente, de construction.
Simple, géométrique, la forme de l'église Saint-Pierre de Cabochon de Blois interpelle. Pour la comprendre, il faut appréhender l'histoire, récente et originale, du bâtiment. « Sur le cadastre révisé de 1953, il apparaît qu'aucun édifice religieux n'existait à l'emplacement de l'actuelle église, alors que les premières maisons ouvrières du quartier commençaient à sortir de terre », précise Angélique Goblet, architecte du Conseil architecture, urbanisme, environnement (CAUE) de Loir-et-Cher. L'église a en effet été construite entre 1960 et 1961, accolée à une chapelle érigée entre 1956 et 1957.
La forme d'une " tente de patrouille "
Le concepteur de l'édifice était « le père Pierre Sandrin, premier curé de la paroisse », affirme Jean-Paul Sauvage, archiviste, conservateur du musée diocésain – un article de la Semaine religieuse évoque toutefois « M. Sandrin, oncle de M. le curé de Saint-Pierre », comme étant l'architecte de l'église. Cette dernière possède l'allure « unique »d'une « tente de patrouille », selon les termes de Jean-Paul Sauvage.
L'intérieur du bâtiment répond, poursuit l'archiviste, aux souhaits émis par l'Église au moment du concile Vatican II (1962). Si dans les églises classiques les fidèles sont éloignés de l'autel, dont la vue est parfois cachée par des piliers – conception correspondant à l'idée selon laquelle « les gens assistent seulement à la messe »–, à Saint-Pierre de Cabochon, la vue dégagée semble inviter chacun « à participer, à chanter ».
Une imposante copie d'orgue baroque trône face aux bancs. Il a été acheté dans les années quatre-vingt-dix, grâce à « une souscription lancée par un prêtre amateur de musique », expose Jean-Paul Sauvage. La nef, la chapelle Sainte-Thérèse et le baptistère Saint-Jean (ces deux derniers correspondant à l'ancienne chapelle des années cinquante) sont ornés d'œuvres d'artistes plus ou moins contemporains, plus ou moins locaux. Les verrières, non figuratives, ont été réalisées en 1960 par les deux Orléanais qui ont travaillé pour l'église Saint-Nicolas de Blois, François Bertrand et Gérard Dejusseau. Le grand lustre, le chemin de croix ont été fabriqués par le ferronnier blésois Henri Boulay. Les tableaux ont été peints par plusieurs artistes dont James Nigon, Jacques El Khaddar et Hubert Damon – ce dernier ayant créé une œuvre extrêmement colorée dans le baptistère, « La Multiplication des pains ».
L'église Saint-Pierre de Cabochon accueille toujours des messes hebdomadaires (le samedi), même si elle appartient désormais à la paroisse Saint-Pierre - Saint-Joseph.




Les Allées : du camp allemand au camping municipal
 


Le camp des Allées durant l’Occupation."

 Aujourd’hui, une paisible résidence."



Entre l’allée de Coulanges et la route de Château-Renault, la parure verdoyante bordant le stade dissimule une histoire mouvementée, pas si lointaine.
A la fin des années trente, les prémices de la guerre s’installent dans les esprits. A Blois, les pouvoirs publics décident de protéger les usines Air-Equipement et Bronzavia qui travaillent pour l’industrie aéronautique, en bâtissant un camp de surveillance. L’emplacement choisi se situe aux Allées, dans le prolongement de l’actuelle salle Jean-Cros.
Les travaux sont engagés, mais piétinent face à un manque de coordination. Ils sont finalement abandonnés en 1940, au moment ou l’armée d’occupation envahit la ville. Voyant ces baraquements inachevés, les Allemands s’emparent du chantier, pour loger leurs soldats. Le camp sera achevé manu militari, par une main-d’œuvre française obligatoire constituée de prisonniers et habité par de jeunes recrues de la Luftwaffe, en formation à la caserne Maurice-de-Saxe. Durant cette période, l’occupant bâtit des quais de chargement sur l’allée principale derrière le stade, destinés à acheminer vers l’aérodrome du Breuil, des bombes stockées dans ce qui est devenu une piste de cross, connue des cyclos.
En 1945, le vent tourne, les Allemands vaincus rentrent à la maison. Hélas, tout est à reconstruire. Le camp des Allées est transformé en cité d’urgence, à l’attention des familles. Dans le contexte économique de l’après-guerre, la cité d’urgence voit grandir sa jeunesse, qui n’échappe pas au phénomène social de la Nouvelle Vague, avec ses adolescents rebelles obéissant à leurs codes. Ils deviendront un temps la bande des Allées jusqu’à sa déconstruction commencée en 1970, puis ils seront relogés dans les quartiers nord.
Le “ centre de camping ” ne fait pas recette Au cours des années cinquante, la forte reprise économique due à la reconstruction donne naissance à un nouveau besoin : le loisir. La municipalité prend le train en marche et crée en 1953 un camping aux Allées, entre la route de Coulanges et le stade. Peu de campeurs séjourneront au centre de camping, comme on disait à l’époque et peu de Blésois ont mémorisé ce lieu de vacances. Face à l’échec, la mairie rend l’emplacement prêté par les Domaines à la ville, comme l’atteste un courrier consigné aux archives municipales, daté du 4 février 1960 et lance un nouveau projet de camping à la Boire.
Beaucoup d’eau a coulé en Loire. Le camp des Allées est depuis longtemps une paisible résidence pavillonnaire et le camping, où les Allemands stockaient des bombes peu avant, est aujourd’hui un lieu de promenade prisé des randonneurs et des cyclo-cross.



Rue Gambetta, un siècle plus tard :
 




L’avenue Gambetta en 1918…"

… et cent ans plus tard !"





Si Jules Brisson, maire de Blois de 1900 à 1914 revenait en ville, reconnaîtrait-il la route d’Herbault ? Dans cette période euphorique d’industrialisation, l’élu fit nommer cette voie avenue Gambetta en 1909. Après la Grande Guerre, les ateliers en périphérie du centre prirent un rythme de croissance effréné, donnant lieu à des investissements importants en terme de transport, comme le montre cette carte postale éditée aux alentours de 1919. Quelle surprise pour la petite qui joue au cerceau en regardant passer le train, de voir aujourd’hui la locomotive remplacée par un bus longeant les anciens murs de l’usine Guéritte où l’on fabriquait des chaussures, avant qu’elle ne devienne à son tour l’usine Bronzavia, comme le précise l’historien Bruno Guignard. Seul le pan coupé de l’ensemble immobilier avec son bistrot de quartier, a su préserver son cachet originel. Un témoignage qui montre combien les Blésois restent attachés à leur patrimoine urbain.

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